La belle bleue


Aujourd’hui  nous avons eu envie d'aller faire un pique-nique familial au bord de mer. Mais quelle aventure ! Comme à notre habitude, la voiture chargée à ras bord, nous avons pris la route du nord. Toujours une circulation dense jusqu'à Jounieh,  nous avons bifurqué à la sortie du casino du Liban. Nous avons longé la côte dans l'espoir de trouver  un petit chemin vers la mer. Patiemment, nous avons cherché un petit coin de paradis pour planter notre campement pique-nique
Nous avons traversé des sentiers délabrés aux mille serres de fruits et légumes (tomates, fraisiers, bananes, salades et autres), parsemés de cabanons en loques et des chiens de garde enchaînés en mauvaise condition au milieu des chèvres et poules sur notre passage. La mer... ah enfin la belle bleue ! Mais les rivages se sont mutés en décharge publique, des amas de déchets, non dégradables, qui finiront sans doute par être mangés par la mer et engloutis au fond de l'eau. Nous étions vraiment dégoûtés par ce spectacle affligeant où hommes et bêtes comptent en silence les heures qui passent. 
Nous avons repris la route qui longe alors la côte. Le problème est que la mer est quasi inaccessible. Des cabanes résidentielles ont été construites à la sauvage, des complexes hôteliers ou restaurants bordent le front de mer, ou alors des grillages, barrières, chaînes barrent les quelques rares chemins d'accès "libres". En forçant le passage de ces chemins, nous atteignons la belle bleue mais les rives sont tellement sales, des détritus, des ordures, et ces saloperies de sacs plastiques gisent sur le sable et les rochets. ce décors nous laisse un goût amer et la colère me monte au nez.
Pour finir notre expédition, nous décidons d'aller sur une plage que nous connaissons dans un complexe hôtelier en sachant qu'en cette saison, le site est désert. Surtout aujourd'hui avec ce vent ... Personne, gagné !
Enfin, voiture déchargée ! Mais au moment de s'installer, des bouledogues sont venus nous demander de partir. "Il est interdit de pique-niquer sur cette plage. Vous devez manger au restaurant", le seul restaurant encore ouvert dans le complexe. On est prié de remballer la marchandise. Furieuse je leur ai dit ce que je pensais de leur écologie libanaise inexistante et leur besoin de détruire pour l'amour de l'argent.
Finalement, le GPS nous amène dans la montagne où nous avons trouvé une aire de 
pique-nique perdue au milieu d'un labyrinthe de réseaux routiers destiné à devenir lui aussi un futur complexe de résidence où déjà quelques vilains immeubles sont en construction sur les sommets des beaux points de vue et d'autres viendront dénaturer ce maquis de montagne. Enfin là, par contre, il y avait des poubelles tous les 100 m...
Bref pique-nique bien français digne d'un festin de roi au champagne foie gras et saumon et poulet truffé. .. je vous laisse deviner la suite.  Avant de rentrer nous avons profité d'un magnifique coucher de soleil sur la mer du haut de notre sommet.

Je sais que vous avez actuellement d'autres préoccupations que le geste écologique. Je comprends vos traumatismes du passé et l'inquiétude de l'avenir, j'entends les séquelles des bombardements de 2006,  et que moi, petite expatriée française je n'ai pas de leçon à vous donner, et je ne le cherche pas mais ne transformez pas le Liban en poubelle géante ! Je ne suis pas particulièrement une écolo militante qui plaide "le vert vert vert" mais simplement une écocitoyenne qui respecte  son environnement. Je ne comprends pas comment vous, Libanais, avec ce magnifique pays que vous avez, peuvent détruire à ce point ce potentiel en or que vous avez sous la main. 

16h15, magnifique coucher de soleil 
le 27 décembre