Ça bouge à Cotonou. Il semblerait que
le président veuille remettre de l'ordre et le maire s'y atèle de façon expéditive. On ne
palabre pas ici, on agit et c'est du direct ! Destruction de tout ce qui se
trouve sur la voie publique, qui déborde du terrain privatif et empiète sur la
propriété de l'Etat.
On commence par des annonces
médiatiques pour prévenir la population des
nouvelles règles. Les Béninois sont au courant des nouvelles mesures mais restent
incertains sur l'action des démolitions.
Puis très vite, on voit apparaître des croix marquées sur les murs, vitrines, arbres, pots de
fleurs dans la rue et les pistes en terres. C'est d'abord l'incompréhension puis l'incertitude sur ce qui va
se passer. Des croix rouges
ou vertes qui marquent les emplacements à abattre ou à discuter en fonction de
la législation et de la légalité de la construction. Le planning des
démolitions par quartier est programmé et diffusé. Les petites
shops le long des trottoirs, le préau qui dépasse, les étals
des vendeuses de légume ou autres, les vérandas ou terrasses des
restaurants, même les énormes générateurs, seront rasés de la voie publique. Parfois on a même des croix sur les arbres et pots de fleur ! Période de flottement où commencent les négociations pour essayer de conserver les faux-acquis. On se demande s'ils iront jusqu'au bout de
la planification de démolition ?
Ça commence aussi à grogner dans la rue. Forcement les gens ne
sont pas contents mais c'est la sourde oreille en guise de réponse. Le
peuple gronde, se divise entre ceux qui clament leurs mécontentements et les autres qui acquissent en disant que c'est normal, c'est un espace public.
Puis un beau matin, arrivent les
marteaux ! Les casseurs qui ont pour objectif de nettoyer les trottoirs
quoiqu'il en coûte. C'est parti pour les coups de massue. Malgré leur désarroi, certains propriétaires ont préféré anticiper et démonter leurs biens comme les vérandas, leurs terrasses aménagées ou les baraques en bois. Le ton monte,
on en vient aux mains pour essayer de sauver le peu qu il reste. Mais malgré
les bagarres et le sang chaud, c'est
trop tard ! Sur les bords de route, c'est la désolation ...
Alors place à la colère ! Les gens ne comprennent pas ! Le maire et le préfet redoublent d'efforts en communication pour faire passer le
message et accepter ces mesures. Le gouvernement ne fera pas marche arrière et
veut une modernisation
urbaine de la ville. On veut faire place neuve et que Cotonou brille. Des
infrastructures plus adaptées pour les marchands seront proposées. Alors
maintenant on attend de voir les plans de restructuration d'une ville en pleine
mutation.